C’était il y a un an. Mon deuxième jour de travail coïncidait avec les vœux du Directeur du Centre dans lequel je travaille. Dans quelques instants, je prendrai la route pour le Forum de Laudun, les vœux 2008 de mon nouveau Directeur. En même temps, le Président donnera aussi ses vœux. Amusante coïncidence. Amusant.
Quelque chose de bizarre aujourd’hui. Dans l’organisme dans lequel je travaille. Une réorganisation vient d’avoir lieu, prenant effet le 1er Janvier 2008. Une impression, aujourd’hui, d’une magma bouillonnant et improvisé dans lequel on patauge sans savoir ce que l’on deviendra. Je dépendrai hiérarchiquement d’un autre centre. J’ai eu une expérience douloureuse de management à distance, et les premières impressions ne sont guère positives : les marges de manoeuvre paraissent faibles, voire inexistantes. Inquiet, amer aussi parce que tout allait bien sans que des savants fous « réorganisent », dans un but que j’aimerais comprendre. Optimisation du travail, efficacité ? Je ne sais pas. Ca ne parait pas évident.
Mais ce qui aura été le plus marquant, c’est le coupage de tête dans des sphères plus hautes que les miennes. Je ne suis qu’un ingénieur de rang « n ». Un pion que l’on déplace d’une case à l’autre de l’échéquier, pas plus. A la fin du mois, un virement sera réalisé sur mon compte, le mois prochain aussi… Et la vie continuera, je ferai le travail que l’on me demandera de faire. Avec plus de prérogatives et de libertés que des « non cadres », mais avec aussi une sécurité par rapport à des « n + quelque chose » qui eux, ont « morflé ». Beaucoup de têtes coupées. On ne licencie pas ici, mais on remplit les placards, et l’amertume se diffuse.
Hier, en discussion avec des chefs de projet (je ne suis qu’adjoint), m’est parvenu un terme pour définir la manière dont cette réorganisation s’est déroulée, et la conséquence en découlant : « management par la peur ». Par la peur… La peur…
Ce n’est en rien comparable avec la réorganisation de Février 2003, dans le grand groupe (privé) national marseillais de service et nettoyage qui m’employait à l’époque. Une réorganisation d’une violence froide et sans âme. Je me souviens de scènes marquantes : j’étais dans le bureau d’une secrétaire. Son téléphone sonne et elle me dit « le Directeur Général, je reviens ». Et elle revient 5 minutes après en pleurs : elle était licencié pour le lendemain…
Combien de collègues de boulot, techniciens, secrétaire, ingénieurs, cadres dirigeants aussi, qui se sont vu débarqués du jour au lendemain ? Dans des circonstances humainement douloureuses et contestables. Leurs travails n’étaient ils pas à la hauteur des exigences de la Direction ou des actionnaires ? Parfois, ce n’était même pas le cas. Mais soit incompatibilité d’humeur, soit une phrase qui a déplu à la Directrice Générale…
Je me souviens de ce jeu à la machine à café : on pariait sur qui sera le prochain sur la liste. Je me souviens des soirées chez mon amie à Marseille : te souviens tu quand je tournais dans ton appartement, tribule et whisky à la main, persuadé que mon CDD renouvelable tous les mois arrivait à son terme ? Que ce serait à mon tour de passer par la case "dehors" ?
Aujourd’hui, au plus haut sommet de l’Etat, le modèle de management par la peur est imposé. Les ministres seront notés et évalués. Soit, pourquoi pas. Comme à la Star Ac, la possibilité d’être éliminé à la fin de la semaine est donc là, la guillotine aiguisée en état de fonctionner. On lit ici et là l’ambiance assez délétère des ministres, ces menaces de réorganisation, pardon remaniement, même pas 6 mois aprés la mise en place du gouvernement. Alliot-Marie et Morin doivent être dans un état moral exceptionnel : tous les jours on les donne partant. Ou viré.
Comment se situer dans cette atmosphère de peur ? Je suis conscient que dans beaucoup d’entreprises, grosses ou petites, c’est le modèle de management qui est perpétré. Qu'aujourd'hui, je suis quand même relativement confortable, quand bien même je ne vis pas les choses super bien. Mais ce modèle promouvant la terreur est maintenant affiché au sommet : les ministres donneront l’exemple. J’aurais préféré un exemple sur la réduction des déficits par une réduction des dépenses et des flonflons inutiles, par la moralisation de l’activité politique avec le non cumul des mandats et le respect de promesses de campagne, etc… Pas forcément sur un modèle de management qui ne fera qu’augmenter les dépenses maladie, malgré une franchise qui n’empêchera pas une explosion de dépense de Mallox ou anxiolytiques divers.
Le modeste manager que je suis n’a jamais employé la méthode de la peur, de l’intimidation, du bâton. Avec des gosses non plus. Je ne suis pas laxiste ni un idéaliste béat, mais j’ai des faiblesses de pensée. Je ne pense pas qu’on tire le meilleur de l’être humain en lui collant un Beretta sur la tempe. On avance moins vite la culotte remplie.
Cet exemple donné par la tête de l’Etat m’effraie quelque peu. 2008 risque d’être difficile professionnellement, pour moi, et pas que pour moi. Etre optimiste un peu quand même : je pars pour recevoir des meilleurs vœux de bonheur. Optimiste… Mais j’ai du mal.
Quelque chose de bizarre aujourd’hui. Dans l’organisme dans lequel je travaille. Une réorganisation vient d’avoir lieu, prenant effet le 1er Janvier 2008. Une impression, aujourd’hui, d’une magma bouillonnant et improvisé dans lequel on patauge sans savoir ce que l’on deviendra. Je dépendrai hiérarchiquement d’un autre centre. J’ai eu une expérience douloureuse de management à distance, et les premières impressions ne sont guère positives : les marges de manoeuvre paraissent faibles, voire inexistantes. Inquiet, amer aussi parce que tout allait bien sans que des savants fous « réorganisent », dans un but que j’aimerais comprendre. Optimisation du travail, efficacité ? Je ne sais pas. Ca ne parait pas évident.
Mais ce qui aura été le plus marquant, c’est le coupage de tête dans des sphères plus hautes que les miennes. Je ne suis qu’un ingénieur de rang « n ». Un pion que l’on déplace d’une case à l’autre de l’échéquier, pas plus. A la fin du mois, un virement sera réalisé sur mon compte, le mois prochain aussi… Et la vie continuera, je ferai le travail que l’on me demandera de faire. Avec plus de prérogatives et de libertés que des « non cadres », mais avec aussi une sécurité par rapport à des « n + quelque chose » qui eux, ont « morflé ». Beaucoup de têtes coupées. On ne licencie pas ici, mais on remplit les placards, et l’amertume se diffuse.
Hier, en discussion avec des chefs de projet (je ne suis qu’adjoint), m’est parvenu un terme pour définir la manière dont cette réorganisation s’est déroulée, et la conséquence en découlant : « management par la peur ». Par la peur… La peur…
Ce n’est en rien comparable avec la réorganisation de Février 2003, dans le grand groupe (privé) national marseillais de service et nettoyage qui m’employait à l’époque. Une réorganisation d’une violence froide et sans âme. Je me souviens de scènes marquantes : j’étais dans le bureau d’une secrétaire. Son téléphone sonne et elle me dit « le Directeur Général, je reviens ». Et elle revient 5 minutes après en pleurs : elle était licencié pour le lendemain…
Combien de collègues de boulot, techniciens, secrétaire, ingénieurs, cadres dirigeants aussi, qui se sont vu débarqués du jour au lendemain ? Dans des circonstances humainement douloureuses et contestables. Leurs travails n’étaient ils pas à la hauteur des exigences de la Direction ou des actionnaires ? Parfois, ce n’était même pas le cas. Mais soit incompatibilité d’humeur, soit une phrase qui a déplu à la Directrice Générale…
Je me souviens de ce jeu à la machine à café : on pariait sur qui sera le prochain sur la liste. Je me souviens des soirées chez mon amie à Marseille : te souviens tu quand je tournais dans ton appartement, tribule et whisky à la main, persuadé que mon CDD renouvelable tous les mois arrivait à son terme ? Que ce serait à mon tour de passer par la case "dehors" ?
Aujourd’hui, au plus haut sommet de l’Etat, le modèle de management par la peur est imposé. Les ministres seront notés et évalués. Soit, pourquoi pas. Comme à la Star Ac, la possibilité d’être éliminé à la fin de la semaine est donc là, la guillotine aiguisée en état de fonctionner. On lit ici et là l’ambiance assez délétère des ministres, ces menaces de réorganisation, pardon remaniement, même pas 6 mois aprés la mise en place du gouvernement. Alliot-Marie et Morin doivent être dans un état moral exceptionnel : tous les jours on les donne partant. Ou viré.
Comment se situer dans cette atmosphère de peur ? Je suis conscient que dans beaucoup d’entreprises, grosses ou petites, c’est le modèle de management qui est perpétré. Qu'aujourd'hui, je suis quand même relativement confortable, quand bien même je ne vis pas les choses super bien. Mais ce modèle promouvant la terreur est maintenant affiché au sommet : les ministres donneront l’exemple. J’aurais préféré un exemple sur la réduction des déficits par une réduction des dépenses et des flonflons inutiles, par la moralisation de l’activité politique avec le non cumul des mandats et le respect de promesses de campagne, etc… Pas forcément sur un modèle de management qui ne fera qu’augmenter les dépenses maladie, malgré une franchise qui n’empêchera pas une explosion de dépense de Mallox ou anxiolytiques divers.
Le modeste manager que je suis n’a jamais employé la méthode de la peur, de l’intimidation, du bâton. Avec des gosses non plus. Je ne suis pas laxiste ni un idéaliste béat, mais j’ai des faiblesses de pensée. Je ne pense pas qu’on tire le meilleur de l’être humain en lui collant un Beretta sur la tempe. On avance moins vite la culotte remplie.
Cet exemple donné par la tête de l’Etat m’effraie quelque peu. 2008 risque d’être difficile professionnellement, pour moi, et pas que pour moi. Etre optimiste un peu quand même : je pars pour recevoir des meilleurs vœux de bonheur. Optimiste… Mais j’ai du mal.
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