Hier soir, j'étais en colère devant la nouvelle "provocation" du député Lefebvre, qui tenait en cette formule : "donner la possibilité aux gens malades de travailler chez eux". Exposer, comme habituellement avec lui, de manière clivante et, je trouve, dangereusement agressive.
Vu l'état de moral des troupes, ou plutôt des citoyens, en ce moment, cela parait complètement fou qu'un "mouvement populaire" prenne cet homme comme porte parole. Mais bon, le sujet n'est pas le porte parole de l'UMP. Mais son idée : pouvoir faire travailler les gens malades.
Deux choses. En premier lieu, Frédéric Lefebvre cherche à inventer l'eau froide et à légaliser quelque chose qui se fait déjà. Et en deux, je considère ça comme une nouvelle attaque d'une certaine partie de la majorité contre les cadres d'entreprise.
Enfin, en subsidiaire, le problème des arrêts de travail abusif, et/ou de complaisance, n'est pas traité. Et pour moi cela reste un problème car quand la sécurité sociale "paye" quelqu'un qui s'est engueulé la veille avec son chef à rester chez lui, il n'a plus l'argent pour indemniser l'accidenté du travail, ou celui qui doit subir une grave ou couteuse opération pour pouvoir retourner dans quelques temps au boulot justement...
Réinventer l'eau froide. Je prends mon cas. J'ai été malade un jour en janvier. Une grippe. Ca arrive. L'après midi, j'allais un peu mieux. Ben j'ai pris mon PC, et j'ai bossé. J'ai appelé mon chef de projet de l'époque (avec qui bosser est le plus grand des bonheurs) qu'il me fasse suivre deux trois trucs. Oh, j'ai pas été brillant, mais j'ai avancé. Je me suis occupé.
Je ne suis pas le seul. Brigetoun et Fleche l'ont rappelé dans le billet précédent. On le fait souvent. Quand on peut bien sur. Parce qu'il faut avancer le boulot. Et que celui ci nous plaise ou non, il faut arêtter, dans l'ensemble, le salarié français est consciencieux.
C'est pour ça que le vocabulaire de culpabilisation d'un Frédéric Lefebvre vis à vis du salariat français m'insupporte au plus haut point ! Il n'est pas seulement scandaleux, il est aussi terriblement injuste.
Ensuite, une attaque contre les cadres moyens. Ceux pour qui le "travailler plus pour gagner plus" n'est qu'un slogan. Parce que les heures supplémentaires, c'est pas pour les cadres moyens. Parce que les règles de répartition des bénéfices de l'entreprise à la fin de l'exercice le laisse toujours sur la touche. Enfin, parce que les gestes de l'état ne l'atteignent jamais. Trop riche (de peu souvent) pour bénéficier des nombreuses aides qui sont mises en place (voir ce billet par exemple), et beaucoup trop pauvre pour bénéficier des boucliers fiscaux et autres mécanismes d'allègement d'impôts.
Pourquoi ? Parce que cette proposition de loi s'adresse d'abord aux cadres, qui bossent sur ordinateur, avec un téléphone branché 24 h sur 24. Ne soyons pas naïfs.
Il y a une partie du Parlement (droite et gauche) qui n'aime pas les cadres. Parce qu'ils n'aiment pas les entreprises. Ou parce qu'ils n'aiment pas cette profession. Combat d'égos ou de prestige ? Le résultat est en tous cas triste : il n'y a pas de cadres dans les assemblées nationales ou Sénat. Pas de cadres chez des grands élus. Si, des grands patrons y a (fils Dassault par exemple). Mais pas de cadres.
Alors légaliser quelque chose qui se pratique déjà, n'est ce pas mettre une pression supplémentaire sur le cadre ?
Maintenant, le cadre n'a pas de gros camion pour bloquer le pays... Et le vote du cadre, il n'est que ce qu'il est. Avant il votait à droite, puis il a voté à gauche, puis Bayrou, puis... Puis maintenant, après discussions avec des collègues à la machine à café ou devant un verre de blanc, il ne sait plus.
A force de taper, ça risque de casser...
Enfin, pendant qu'on lance des outrances à une France qui devrait plutôt être rassurée et motivée plutôt que continuellement agressée, règle t'on les vrais problèmes ? Oui il y a des abus. Oui la sécurité sociale est exsangue. Mais prenons le problème différemment.
Les arrêts de travail abusifs, sanctionnons les. Je le réclame vraiment. Ensuite, mettons les salariés dans les bonnes dispositions pour ne pas être malade. Que les CHSCT servent à quelque chose. Et que les syndicats arrêtent de se battre pour des broutilles catégorielles et se mobilisent pour les conditions de travail dans l'entreprise. Les avantages acquis c'est bien. Mais la lutte contre les modes de management qui se basent sur la peur et la terreur, ça paraitrait plus juste.
Les salariés qui viennent au boulot la matin avec une boule dans le ventre, espérant presque que leur véhicule trouve le platane du virage plutôt que la place de parking à l'ombre, c'est pour moi un véritable problème, que personne ne traite !
Enfin, qu'on arêtte avec cette politique du clivage, de l'agression permanente, de l'affrontement. J'en ai marre que ces pyromanes (de droite ou de gauche) qui balancent tous les jours une bombe dans l'actualité, pour voir comment ça fait. Ces apprentis sorciers de l'embrasement social. Les uns contre les autres. J'en ai marre de la rhétorique des Copé, Sarkozy, Lefebvre, Hamon et Royal. J'en ai marre.
Mais bon, l'amendement de Lefebvre a été rejeté hier. Sans doute l'assemblée ne le votera t'elle pas. Mais qu'en pense le Président ? S'il est favorable, ne fera t'il pas revoter, et encore rerevoter l'assemblée, jusqu'à ce que les godi... euh députés, disent oui ?
Je mélange un peu tout... La fatigue sûrement...
Ps : je n'ai pas parlé du congé parental. J'en avais parlé ici : ne touchons pas à ce droit acquis, qui n'est pas un avantage exorbitant et scandaleux, vraiment... Et cessons de vouloir tout casser : ça ne rendra pas la France plus compétitive que de laminer le moral général...
PS bis : PC Inpact est génial. A la question du télétravail, ils répondent dans la peau d'un salarié malade : "je peux pas, j'ai été Hadopié...". C'est drôle...
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