Deux choses à dire sur cette interview. La première est que je ne cracherai jamais sur quelqu’un qui dit, de manière humble et modeste (même si ce n’est pas forcément le cas), qu’il a commis des erreurs. Maintenant, je trouve que Nicolas Sarkozy, sur ce que j’ai lu de l’interview, a été très light sur les erreurs. Le Fouquet’s ou insulter un passant au salon de l’Agriculture ? Oui, il y a ça. Mais il y a aussi Gandrange, le reniement de l’engagement premier de la campagne électorale (le pouvoir d’achat).
Après, sur sa politique, je trouve qu’il y a d’autres erreurs de faites. La méthode pour faire passer HADOPI ou le traité de Lisbonne me semblent être des erreurs. Mais c’est son choix politique…
Ensuite, je constate vraiment qu’on a un petit journalisme politique de courtisanerie. L’intervieweur était Denis Olivennes, le papa d’HADOPI, qui s’est fait remarquer à quelques reprises par une arrogance crasse. Et c’est un ami du Président, ou de Carla, ou des deux. L’interview est d’un lisse confondant je trouve… J’aimerais qu’on mette le président devant ses contradictions. Il parle d’exemplarité, mais combien a couté le congrès caprice présidentiel ? Le budget de l’Elysée ? L’augmentation de salaire du début de mandat ?
Il n’y a pas dans mon propos une critique de Nicolas Sarkozy : c’était Jacques Chirac ou François Mitterrand, c’était pareil. Les journalistes qui les interviewent sont lisses, plats. Même Jean-Michel Aphatie, que j’apprécie au demeurant, eut été décevant lors de l’interview sur RTL, ne relançant pas quand cela s’enfonçait dans le plan plan.
Donc non, pas d’interview, ni de discussion. Un simple monologue d’un Président qui veut changer son image. Je n’ai rien contre, mais la communication n’est pas forcément l’action. « J’ai changé » pourra t’il dire une nouvelle fois.
Mais parlons de la situation de la France. De ces bandes de jeunes délinquants qui terrorisent des quartiers et des villages (j’en suis victime sur mon territoire), et contre qui on ne fait rien, préférant tourmenter l’internaute qui télécharge la Star Académy avec des procédures de sanction accélérées. Parlons de cette essence à nouveau victime d’une spéculation qu’on croyait pourtant révolue après les grands élans lyriques et les concerts de bonnes intentions pendant la crise. Parlons de ce prix du gaz qui ne diminue pas, alors que cette même essence est passée de 150 à 30 et quelques euros le baril durant une grande période.
Franchement, je n’en ai rien à faire que Nicolas Sarkozy soit sous l’influence bénéfique de Carla Bruni…
Un dernier mot quand même. Je trouve cette interview profondément humiliante pour François Fillon. « Il n’y a aucune détestation entre nous » qu’il dit le Président. Mais c’est… C’est profondément abject je trouve, odieux. Et nommer des hauts commissaires pour le plan d’emprunt, c’est une nouvelle baffe pour le premier Ministre.
Parmi les erreurs principales de Nicolas Sarkozy, il y a ce mode de management déshumanisant, humiliant, terrorisant. Malheureusement, c’est sa politique, celle qu’il souhaite mettre en place et voir appliquée dans les entreprises. Pas une politique où le travail et la réussite sont récompensés, non. Le remaniement est une preuve que le mérite n’est qu’un leurre. Mais une politique où la courtisanerie, l’asservissement à un supérieur et l’aplatissement sont gratifiés. Et cela m’inquiète beaucoup.
Quand est ce que nous aurons des ministres fiers et orgueilleux, qui diront "merde j'en ai marre de me faire traiter comme ça, je me casse en claquant la porte !" ? Franchement, c'est gentil de se la jouer Yves Jégo, tout mielleux dedans et en colère dehors...
A lire enfin sur le même sujet les billets suivants. Pour Jean-Michel Aphatie, le point principal de l’interview est le fait que Nicolas Sarkozy trouve sa tache présidentielle « inhumaine ». Nicolas relève comme moi le « j’ai fait des erreurs » présidentiel, en une analyse des phrases percutante et pertinente.
Et puis il y a le Coucou de Claviers qui pond merveilles sur merveille en ce moment. Après Adèle et l’Empereur, à lire son billet de hier : « les héros aussi veulent être aimés ». Un très très beau billet…
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