Mon hommage à François Mitterand

Le 8 Janvier 1996, j'étais à l'ECAM, c'était un lundi. J'écrivais, tous les soirs, sur mon cahier, mes impressions. J'ai écris 8 cahiers A4 de 200 pages durant mes deux ans de classes préparatoires. Retour sur le passé. J'ai 18 ans depuis peu à ce moment là où je découvre Lyon et la vie en dehors de chez papa-maman. Voilà ce que j'avais écrit ce 8 Janvier 1996, à 22h15.

"François Mitterand est mort,

Je revois M. Lavaure (NDFaucon : notre gardien du foyer, un auvergnat Giscardien) me l'annonçant en souriant. Et moi de ne rien dire. 14 ans de ma courte vie s'en vont avec cet homme. A la tête de mon pays durant toute ma jeunesse. Enfant, Mitterand était le "président". Le "père". Le "tonton"... Avant de voir en cet homme l'adversaire qu'il fallait affronter. Puis la maladie a eu raison de lui. Il s'en va, mon enfance aussi.

Quelle période difficile en ce moment, où je vois mes références partir. mes amis proches me quitter, mon enfance s'envoler. 18 ans. Le permis de conduire, et maintenant l'icone de la France de ma jeunesse partir. M. Pinaroli (NDFaucon : prof de math de sup) nous a parlé de ce changement que nous connaissons tous. Il nous a parlé, en souriant, comme nous parlerait un père. Il m'a impressionné. "l'heure du choix". Il parlait d'études, de femmes. Moi, je parle betement de politique. Et notre rempart contre qui il faut se battre qui s'en va. Mitterand n'est plus.

Dure journée où je vois mes espoirs d'avoir une bonne note en Technoligie INdustrielle s'envoler avec ce 9,5 (NDFaucon : avec le recul, cette faculté que j'avais de tout mélanger m'impressionne...). Mon DS de math de samedi s'est révélé être une catastrophe. J'aurais 2 ou 3, pas plus. Oh, que je suis triste... Mitterand, les maths, dure rentrée. Vivement le weekend devrais je dire. Je verrais S. et R. (NDFaucon : deux amis de Montfaucon). Et tous les autres. Je ne verrai pas, par contre, la mairie de Montfaucon portant le drapeau en berne Jeudi, et j'en suis triste de ne pas entendre les cloches de mon cher village sonner le départ d'un grand homme. de Gaulle - Mitterand, les deux grands français qui se sont affrontés en 65 pour la premiere élection. Que de chemin parcourue par la France depuis.

Et moi d'attendre les notes de math et les autres difficultés qui m'attendent... Blindé. Je ne sais pas, j'ai envie de démissionner des Carmes (NDFaucon : le pensionnat) pour me consacrer à Montfaucon. Et battre mon ancien meilleur ami. Il sait que face à moi, il perdra ! Il veut me cogner de coté ? Ma victoire sur F (un jeune de Montfaucon lors d'une réunion publique) l'a ne l'a pas convaincu ? Pas grave, il n'a qu'à attendre, et il va me le payer. Il en est conscient...

Et moi ? Je suis fatigué d'une première difficile journée. Le DS de math, la belle illusion (comme ces 14 ans de Mitterandisme). Je pensais l'avoir réussi, et non, rien. Des regrets et une grosse boule dans la gorge.



J'ai envie de souffrir ce soir je vois... 1 an et 8 jours que j'ai quitté A. (NDFaucon : mon premier amour... j'en parlais beaucoup déjà à cette époque) et j'écoute Oasis. A. dans mes bras chez sa cousine à Roquemaure, sur son canapé, sur cette chanson... C'est tellement vieux c'est si beaux souvenirs. L'amour parfais ? Ephémère en tous cas. Et maintenant, que fait elle ? Pourquoi ne composerais je pas le 90.33.**.** ? Je le sais pourquoi. Un appel au secours ? J'imagine un jour l'avoir au bout du fil et lui dire "A. ?". Puis d'ajouter derrière "C'est le Faucon...". Ce serait chouette, et c'est inespéré. En suis je capable ? Je ne crois pas.

Je suis épuisé ce soir. Je vais me coucher. Pour le président, je mets "la Marseillaise". Mitterand, de Gaulle, Pompidou, ils se bousculent au portillon de l'histoire ces grands hommes. Clémenceau, Foch, Napoléon, ces hommes qui ont fait mon pays. Pays que j'aime malgré tout. de Gaulle - Mitterand, je serai curieux d'entendre le verdict de l'histoire. Le créateur et le pérénisateur de la Veme République reposent au panthéon des grands hommes, sur la place des grands hommes. Vive la République, Vive la France...

Que Dieu protège la France"

Bon, pas grand chose à ajouter... C'était mes pensée il y a 10 ans, réécrit sans modifier rien du tout, sinon les prénoms qui étaient inscrits en toutes lettres. J'ai l'impression de me revoir dans cette chambre en bout de couloir...

Pour finir mon hommage à moi, le plus bel hommage à Mitterand a été écrit par Renaud, et c'est une de mes chansons préférées. Pour finir l'histoire... Baltique, c'était en plus un beau chien.

"Baltique, du nom du chien de Mitterrand, rappelle qu'il n'a pas pu entrer dans l'église le jour de l'enterrement de son maître..."

Ils ont peut-être eu peur que je pisse
Sur le marbre du bénitier
Ou pire que je m'accroupisse
Devant l'autel immaculé
Peur que je ne lève la patte
Quelque part dans les allées
Où siège cette foule ingrate
Qui nous parle d'humanité
Ils ont considéré peut-être
Que c'est un amour pas très catholique
Que celui d'un chien pour son maître
Alors, ils m'ont privé de cantiques
Un jour pourtant je le sais bien
Dieu reconnaîtra les chiens

Me voilà devant la chapelle
Sous cette pluie qui m'indiffère
Tenu en laisse par un fidèle
Allergique aux lieux de prières
Les gens parlent à côté de moi
Tu as de la chance toi au moins
La souffrance ne t'atteint pas
L'émotion c'est pour les humains
Et dire que ça se veut chrétien
Et ça ne comprend même pas
Que l'amour dans le cœur d'un chien
C'est le plus grand amour qu'il soit
Un jour pourtant je le sais bien
Dieu reconnaîtra les chiens

Je pourrais vivre dans la rue
Etre bourré de coups de pieds
Manger beaucoup moins que mon dû
Dormir sur le pavé mouillé
En échange d'une caresse
De temps en temps d'un bout de pain
Je donne toute ma tendresse
Pour l'éternité ou plus loin
Prévenez-moi lorsque quelqu'un
Aimera un homme comme moi
Comme j'ai aimé cet humain
Que je pleure tout autant que toi
Un jour pourtant je le sais bien
Dieu reconnaîtra les chiens
Un jour pourtant je le sais bien
Dieu reconnaîtra les chiens

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire