A propos du vote en Irlande... Soupir européen...

Aujourd’hui, les Irlandais votent pour ou contre le Traité de Lisbonne. Enfin, ils revotent plutôt. Ils avaient « mal voté » la dernière fois, alors on les refait voter. Et s’ils « revotent mal », et bien ils re revoteront plus tard. Et s’il rerevotent mal, et bien…

J’ai lu des réactions avec lesquelles je me sens en phase sur ce sujet. Je ne peux néanmoins pas parler de simulacre de démocratie, puisque les irlandais, au moins, ils votent. En France, le Président n’a pas jugé bon de demander l’avis de ce blaireau de peuple pour faire passer le Traité de Lisbonne. Ce blaireau de peuple qui avait déjà mal voté en Mai 2005…

Mon ami de Peuples.net de Valence avait fait cette comparaison que je trouve très efficace…
« Le traité de Lisbonne, c'est comme les épinards à l'école: même quand vous n'en voulez pas comme en France, en Irlande ou au pays-bas, on vous repasse le plat.
Et vous finissez finalement par trouver ça bon au bout du compte ! »
J’aime bien les épinards maintenant (avec dedans un oeuf dur et des olives noires... ma mamie appelle ça le fricot d'herbe : c'est délicieux !).
J’aime moins cette manière de faire adhérer à l’Europe, puisque je pense qu’au final ça la rend plus impopulaire qu’autre chose (et je trouve que c’est vraiment triste et dommage…), mais bon…

Lu aussi sur le blog Esprit Républicain, un commentaire de l’UPR (que je ne connais pas…). Assez pertinent j’ai trouvé…
« Si l'Union européenne était un système démocratique – ce qu'elle n'a jamais été et ne sera jamais –, il serait impensable de faire revoter un peuple souverain alors même que celui-ci vient de donner son verdict. Il ne serait pas davantage envisageable de priver de parole les autres peuples. Mais les peuples d'Europe ne vivent que dans une parodie de démocratie ; le verdict des urnes, seul sondage d'opinion légitime, a cessé d'être politiquement contraignant. Il faut en prendre acte avec le plus grand sérieux et mesurer ce que les dirigeants européens sont prêts à faire pour que leur projet aboutisse »
Et citant Pierre Jouyet, ancien secrétaire d’Etat aux affaires européennes, qui tient un discours qui personnellement m’effraie…

« Je pense sincèrement que le référendum n'est pas la bonne formule pour adopter à l'échelon national les traité et les règlements internationaux. Donc, en effet, si d'autres référendums [sur le traité de Lisbonne] avaient été organisés, il est probable que certains auraient aussi vu le “non“ l'emporter. Mais ce n'est pas au peuple de trancher ces questions très complexes »
En gros, les cons que nous sommes n’ont pas à donner leurs avis : ils sont trop cons pour qu'on le leur demande... Après ce genre de raisonnement, vous voulez rendre l’Europe populaire ? Ben c’est mal barré…

Même l’européen convaincu Alain Duhamel était un peu résigné ce matin durant son édito sur RTL. Et mal à l’aise devant cette manière de concevoir la démocratie et la construction de l’Europe :
« Si c’est le oui qui est victorieux, ça ne sera pas par une méthode particulièrement élégante, et ça ne sera pas par des arguments qui seront particulièrement vertueux. La méthode, ça a été de les faires revoter parce qu’ils n’ont pas voté comme le reste de l’Europe aurait voulu qu’ils votent. Et donc, on ne peut pas dire que cela soit le comble de la démocratie »

Pour finir, une phrase que j’avais déjà cité (dans une autre vie) du Général de Gaulle.
« On ne fera pas l'Europe si on ne la fait pas avec les peuples et en les y associant. Or, la voie que l'on suit est complètement différente...
On s'enferme dans des comités. On élabore des techniques. On se réunit dans des conseils entre augures intéressés. Mais les peuples n'y sont pas... »
Cela parait démago de dire qu’il faut que les peuples soient les artisans de l’Europe. J’ai toujours pensé que non… J'ai toujours pensé, à tort peut être, qu'un ensemble qui ne repose pas sur les peuples est voué à s’effondrer, comme l’Union Soviétique avant nous.

J’ai toujours voulu une Europe des Peuples, une Europe populaire. Ca peut paraître con, ça peut paraître des mots, mais ça veut aussi dire qu’il faut ranger cette arrogance tout en haute. Celle qui consiste à penser que le peuple est forcément un con, à qui il ne faut demander la parole que pour se faire élire.

Que les Irlandais votent comme ils l’entendent… J’espère juste que ceux qui ont commis cette « revotation » d’un coté et privation de la parole populaire de l’autre, pour forcer la main au destin, ne sont pas en train de tuer l’idée européenne

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire