Référendum irlandais : tristes conséquences et tristes gouvernants

Les irlandais ont, démocratiquement, voté non à la ratification du traité de Lisbonne. Ont ils eu tort ou raison ? Sont ils les portes paroles de l'ensemble des peuples européens privés de paroles, ou des ingrats pitoyables et égoïstes ? Là n'est pas la question, me semble t'il...

Une question intéressante serait de savoir "on fait quoi maintenant ?". J'aurais espéré, après les référendums français et hollandais de Mai 2005, et suite à ce nouveau rejet populaire, qu'il y ait le commencement d'une réelle réflexion. L'Europe est impopulaire, que faire pour la rendre populaire et légitime. Cela me semble être quelque chose d'important...
Pourtant, non. La conséquence principale est double : comment s'assoir sur le vote des Irlandais, et comment les faire revoter, puisqu'il ne semble ne pas "y avoir d'autres solutions"... ?

Lu sur le très bon blog de Bénédicte, un billet sur les conséquences du non irlandais. Et une série d'articles, dont un que je trouve hallucinant : des députés européens votant contre une délibération qui tendrait à respecter le choix des irlandais.
En gros cela signifie quoi ? Que des "démocrates" s'engagent, par un vote solennel, à aller contre la volonté des urnes, d'un peuple. A s'assoir finalement sur ce qui fait l'essence de la démocratie. L'expression du vote.
Cela me semble extraordinaire grave.

J'entends ici et là les arguments de personnes profondément européennes, et honnêtes dans leurs démarches. Reprenant Badinter contre le peuple français, reprenant le fait "qu'il faut le faire", quoi qu'on en dise...

Mais dans ce cas, ce qui serait bon sur l'Europe, pourquoi ne pas l'appliquer ailleurs dans la société. Dans ce cas, sans s'amuser avec les syndicats, supprimons les 35 heures ! Libéralisons l'ensemble de la société française, en supprimant les services publics, en privatisant EDF et SNCF. Supprimons la sécurité sociale aussi tant qu'on y est. Et instaurons l'expulsion systématique de tous sans papiers, ou de tous ceux qui seraient contre la politique actuelle, ça serait plus simple. Et tant qu'on y est, parce que "ça serait bon", supprimons les aides sociales. Toutes.
Ou alors faisons une politique différente. Nationalisons à outrance. Les plus riches ? Taxons les jusqu'à faire rendre gorge. Que le dirigeants d'entreprise ne soit plus dirigeant, mais un administrateur désigné par l'Etat tout puissant. Et donnons tous les pouvoirs au président, qu'il n'ait plus à rendre compte au peuple. A quoi il sert, ce peuple qui dit n'importe quoi ?
Bordel dans les banlieues chaudes ? Instaurons la loi martiale. Que l'armée aille faille régner l'ordre. Grèves interdites. Riches interdits. Merveilleux monde dans lequel les conseils municipaux n'existeront plus, et dans lequel nos dimanches seraient libres : à quoi bon faire voter ces crétins de peuples... ?

C'est idiot ? Oui, je sais... Mais ne sommes nous pas en train de créer, en Europe, le début d'un totalitarisme "pour notre bien" ? Puisqu'on est pas capable de se faire du bien, d'autres en feront à notre place... La suppression du droit de vote des européens, pour le prétexte assez estomaquant "qu'ils votent mal", c'est quand même quelque chose de terrifiants...
J'avoue qu'une Europe comme ça, qui se prépare sans les peuples, et pire en s'assoyant sur leurs craintes, leurs aspirations, leurs désirs, cela ne me plait pas du tout...Une "Union Soviétique d'Europe", avec un Kremlin à Bruxelles ou ailleurs, ça me fait quelque peu frissoner...

Finissons sur une note optimiste. Excellent billet chez le Toréador, qui propose des pistes pour faire une Europe populaire et efficace. Proposer plutôt qu'imposer, convaincre plutôt que contraindre, toujours...
Et dans ce flot de propositions constructives, deux qui me plaisent particulièrement :
* Supprimer la commission. Ce "gouvernement qui a tous les défauts sans avoir de pouvoir" dixit le Toréador. J'ajoute que cette instance est, en plus, totalement illégitime. Donc soit, coupons la tête de cet ensemble bloquant.
* "Le nouveau traité serait adopté par un référendum européen, tous les peuples votant le même jour, avec une double majorité : majorité d’Etats et majorité démographique."

J'aime cette dernière proposition, qui tendrait à faire réellement une Europe de peuples. Donner la parole aux européens, à tous les européens.
J'ai l'impression que c'est peut être là, la voie qui permettra à l'Europe de sortir par le haut de cette crise populaire, cette crise de légitimité. Mais c'est dangereux, de confier le pouvoir à ce peuple qui ne comprends rien...

Dangereux, mais si on tentait le coup ?

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