Caricatural jusqu'au bout

C’est le très bon et souvent pertinent Claude Askolovitch qui avait dit cette phrase à ORLM de lundi soir (et entendu hier alors que je tondais l’herbe, merci les podcasts RTL). Sur cette ambiance de deuxième tour où les caricatures et simplifications vont bon train (Sarko facho, Ségo nulasse, et on en passe et des pires), justifiées en partie par le fait que nos deux finalistes se caricaturent grossièrement eux même…



"Tous se caricaturent eux même. Royal en exhibant un concert type "SOS Racisme" avec pleins de jeunes artistes bien "branchés" et bien "bobos", le retour des "potes". Et de l'autre, Sarkozy qui nous la joue "show à l'américaine", avec les vedettes du showbusiness et de TF1".



Caricatural dans cette manière de faire une campagne de deuxième tour, maîtresse donneuse de leçon pour l’une, petit fils prodigue de Ronald Reagan pour l’autre. Mais caricatural jusque dans les idées, où Royal revient sur certaines traces de Mitterrand version « Jack Lang », et où Sarkozy ne peut s'empêcher, comme tout bon homme de droite, de revenir 40 ans en arrière (j'étais pas né camarade, qu'est ce que je me fous de Mai 68'... ?).

Caricatural enfin les soutiens. Très donc mix « Woodstock – SOS Racisme » d’un coté, « Sacrée Soirée – TF1 » sur l’autre. Des merveilles qui, parait il, plaisent beaucoup aux jeunes d’un coté (Benabar, Grand Corps Malade, toute la nouvelle scène française menée d’une main de maître par Yvan Le Bolloch », de l’autre les stars de prime time de TF1 (Genest, Arthur, Halliday), avec l’humour très prout prout pouet pouet France profonde (Bigard, Farrugia, que j’adore tous les deux…). Et pour finir après, coté cinéma, on reste dans la caricature. Blockbuster qui fait des millions d’entrée type Réno Clavier d’un coté, cinéma plus traditionnel, intimiste, « Soirée des César » de l’autre.

Caricatural enfin, pour finir, avec les idées. Car comme le font à juste titre remarquer des Apathie ou Duhamel, Sarkozy est vraiment l’enfant type de 68’ (libéral dans les idées, avec la volonté de bousculer des notions reçues bien France traditionnelle de part ses idées (discrimination positive) et son histoire personnelle (possibilité d’être le premier président ayant connu un divorce, volonté de « tuer le père » (Chirac), et envie de liberté permanente)). Et a coté de ça, Royal serait plus celle qui voudrait, par son histoire personnelle, par ses valeurs très « travail – famille – patrie » (dans le bon sens du terme), rompre avec une certaine logique « 68 ».
Je ne parle pas du caricatural coté de la gauche à voir dans tout candidat de droite "le diable", "le fascisme", "le péril dans la République", et j'en passe... De Gaulle et Chirac ont eu, à des degrés différents, à répondre à ses mêmes attaques simplistes.

Il n’est pas dans mon intention, dans ce post, de stigmatiser l’un ou l’autre des candidats. C’est vrai que si j’aime beaucoup Delpech et Yannick Noah, mes idoles à moi sont plus Bigard, Farrugia (j’adore les nuls), Sardou ou Halliday. Et puis bon, j’ai un
amour sans borne pour Basile Boli, plus que pour Vikash Dhorasso.
Pour autant, quelque soit notre tendance naturelle à être p
lutôt d’un coté ou de l’autre de l’Assemblée Nationale, force est que cette campagne parait être d’une clarté absolue entre d’un coté la droite, et toute la caricature de la droite française qui se la joue grands meetings RPR des années 80 avec Halliday et Salvador d’un coté qui font chavirer Bercy, et toute l’autre caricature d’une gauche Woodstockienne qui s’éclate tout une après midi dans un stade à écouter de la musique. Au moins les choses sont claires.

Moins claires pour moi certains points plus programmatiques, politiques. Une copine de blog demandait fermement pourquoi les journalistes ne demandaient pas clairement aux candidats « avec quelle équipe, quel premier Ministre ?» comptaient ils gouverner. Malgré la probable omniscience d’un Sarkozy à l’Elysée (qui pourrait rendre la cohabitation subie par Chirac vis-à-vis de Giscard un air de colonie de vacances), le nom de son premier ministre probable n’est pas qu’anecdotique. Son quinquennat ne sera pas le même si c’est un Fillon (le favori), un Borloo plus tenace et d’une tonalité plus sociale, ou une Alliot-Marie (rupture trééés tranquille avec le chiraquisme, soupir...).
Idem vis-à-vis de Royal. Le dimanche, elle ne s’interdit rien pour Bayrou. Le lundi, c’est DSK qui serait un merveilleux premier Ministre (elle n’a pas tort !), avant d’aller donner une mission au très pas social-démocrate José Bové. Sachant que l’extrème gauche lui fait des yeux doux, et que François Bayrou n’est pas méchant. Se déterminer franchement sur ces « noms », cette équipe, permettrait d’y voir plus clair. A moins que les noms ne leurs soient pas encore connus, tellement de promesses faites en campagne…

Pour finir, ce soir y a sur Canal + un Milan – Manchester qui me met l’eau à la bouche. Parait que le match aller fut un des plus beaux matchs de foot du 21eme siècle… Enfin, quoi qu’il en soit, j’espère que le match politique de ce soir sera plus proche de la Ligue des Champions que le Ligue 1. Et que l’on sortira de la caricature pour aller vraiment dans du concret et de l’efficace.
Et que le meilleur gagne.

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