Je ne reconnais plus Henri Guaino

A la sortie du midi, pendant, la café, je m’adonne avec un certain plaisir las au Wilfing (définition chez Eric)… En Wilfant, je suis tombé sur une dépêche du Figaro parlant de la guerre BHL – Guaino. Tout le monde n’en parle pas forcément, mais le tout Paris médiatique et intellectuel se régalera sans aucun doute de cette polémique qui fera la Une des émissions de Morandini ou d’Ardisson. Seulement ces milieux hautement parisiens ? Pas évident…

Mon wilfing m’a emmené également sur l’excellent blog du gaulliste parisien Christophe Carignano, qui se moquait du ridicule de cette guerre des boutons chez les intellos. Je ne cache pas que c’est ce blog qui m’a donné l’envie de ce billet, de ce soupir…

Déjà hier soir, mangeant les restes de nos nouilles au calamar devant le Grand Journal de Canal +, mon amie me faisait remarquer combien elle trouvait Guaino "fielleux", arrogant, limite abject. A la question du journaliste « que pensez vous du livre de BHL », le conseiller - anciennement – gaulliste de Nicolas Sarkozy répondit par un « qui ça ?» qui rappelait les meilleures heures de la campagne de Ségolène Royal. "Qui connaît Monsieur Levy ?" version Guaino, c’est du désagréable réchauffé. Le « qui ça ?» sera suivi de quelques commentaires méprisants du conseiller d’état qui étaient, à mon modeste avis, de trop. D’où la remarque de mon amie, qui comme moi n'est pas la plus grande fan du philosophe à la chemise blanche…
Ce matin, la guerre (peut être commencée hier soir) continue. BHL traite Guaino de « raciste ». Je pense que le terme est exagéré, mais quand se déchaînent les égos et les passions, on déborde…
Tel un obscur match de tennis, Guaino renvoie la balle : BHL est un petit con prétentieux. On reste dans les hautes sphères des élites intellectuelles françaises : héritage des lumières. La philosophie avec un grand "p", mais pas trop grand quand même...

A ce stade là, je reste un peu circonspect devant ces grands gamins qui nous jouent à qui pissera le plus loin dans la cour de récréation de la République... Qui a piqué la petite copine ou le gouter de l'autre, on ne le sera jamais, mais à vrai dire on s'en moquerait presque... Mais les choses ne s'arrêtent pas là.

Wilfer peut aussi vous emmener chez l’intervieweur du Grand Journal et de RTL Jean-Michel Apathie. Le jour de mon anniversaire, il écrivait ceci sur son blog : « Lors du Grand Jury, dimanche, Jean-Pierre Raffarin avait expliqué qu'il serait préférable que les conseillers de l'Élysée retrouvent le chemin du silence et laissent aux ministres le soin et la responsabilité des déclarations politiques. Croisant un ami de l'ancien premier ministre hier, Henri Guaino, conseiller de Nicolas Sarkozy, a eu ce mot aimable: "Tu diras à Raffarin que je l'emmerde." ». On reste dans le charme et la distinction. On reste dans le haut niveau intellectuel. C’est très joliment dit, avec des mots qui chantent tels le pur chant des oiseaux quand ils s'envolent du platane, juste avant de se délester de la petite crotte qui tombera à point sur le pare-brise sale de la Clio...

Début des années 2000, je wilfais moins sur Internet. Les blogs n’existais pas, et j’écrivais une fiction sur Saint-Seiya. Surtout, j’étais vraiment impliqué dans les arcanes de la politique politicienne. Je rêvais que Guaino, dont j'étais fan, dirige une liste gaulliste dans le Gard pour les municipales. Cet arlésien à Nîmes, c’aurait été génial… Finalement, Nîmes est géré par un gaulliste qui a fait un boulot appréciable (Fournier), et Guaino a préféré l'aventure parisienne. Le résultat fut décevant pour lui. J’en étais assez triste…
J’adorais Guaino. C’était vraiment « ma » famille de pensée politique. C’était l’idéologie de la campagne de Chirac en 95’ Des valeurs fondamentales qui me sont chères.

Par la suite, Guaino a rejoint Sarkozy. Une caution. En laquelle j’ai cru au début, c’est vrai. Trop peu de temps… Car ce n’était plus le Guaino de 95’ ou de 2001’ qui écrivait les discours. C’était un autre. Que je ne reconnais pas. Je ne reconnais pas l’homme arrogant, prétentieux, que j’ai vu hier soir. Je ne l’ai pas reconnu. Comme je ne reconnais pas, ou plus, sa patte dans la politique actuelle. Etrangère ou locale.
Avant, c'était un gaulliste "libéral républicain". Pas un atlantiste obsédé des caméras.

Tout le monde change… Je ne trouve pas toujours ça positif ou agréable. Dans le cas actuel, je confesse presque de la peine. Il faudrait pourtant que je m'habitue à être déçu... Soupir d’octobre...

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