A quoi bon blogguer ? Soupir d'un mardi soir...

Je ne sais pas si c’est le temps, le climat. Qu’il soit météorologique, économique, ou social. Mais « morose » est le terme que j’emploierais pour décrire mes sentiments en ce moment.
François Fillon nous confirme que 2009 sera une année de crise, Christine Lagarde que le PIB diminuera notablement… Et pour continuer dans les nouvelles qui ne m’amusent pas, c’est Alain Juppé maintenant qui est menacé de mort… Les nouvelles arrivées à la direction de l’UMP ne me font même pas sourire.
Non, morose.

Peut être est ce mon gris moral qui me faisait poser cette question, ce week-end et aujourd’hui encore. Notamment en voyant le mouvement de Black-Out du net français pour lutter contre cette indigne loi HADOPI. Est-ce que nous, bloggueurs, nous représentons vraiment quelque chose ? Est-ce qu’on ne s’imagine pas un peu trop beau, trop « zinfluent » ? Et cette question qui fait mon titre : A quoi bon blogguer ? (soupir)
Et cette première question inhérente. On parle d’HADOPI : est ce qu’"on" a le pouvoir de faire changer les choses ? Et en corrolaire, c'est qui ce "on" ? Les bloggueurs ? Les internautes ? Ceux qui ont un PC et qui passe un plus d'heures que la moyenne nationale sur le web, a surfer ou wilfer ?
Je discutais hier soir en Mairie, avec quelques élus locaux et du personnel : personne, à part moi, n’avait entendu parler d’HADOPI. Ou du moins très peu, sans trop savoir ce que c'était... Et ceux sont des gens qui aiment la presse, l'actualité, la politique d'une manière générale. Peut être pas Vendredi...
D’ailleurs, qui parle d’HADOPI ? Est-ce que ça fait la Une du Figaro, de Libé ? Tout au plus des magazines d’informatique et des blogs qui s’en inquiètent. Mais ailleurs ? Est-ce que les gens vont descendre dans la rue contre HADOPI ? Est ce qu'on ne se focalisera pas sur des débats qui intéresse notre café de flores virtuels, mais qui ne va pas forcément au delà de notre clavier ?

Mais là encore je pose mal la question. Est-ce que les blogs ont le pouvoir de changer le monde ? Je pense qu’ils ne sont qu’une goutte de pluie qui va s’échouer dans les roubines de ma campagne. Elles débordent des fois, les roubines, parce que beaucoup de gouttes de pluie… Mais généralement, ce n’est pas forcément le cas.
Est-ce que les blogs peuvent faire gagner ou perdre une élection ? Le référendum européen de 2005 aurait tendance à me faire répondre qu’ils peuvent y contribuer. Etienne Chouard a été un animateur du non efficace, pertinent, légitime. Et son blog a contribué à la défaite du « Oui », généralement défendu par les élites et les médias. Mais après ?
Après, si les blogs avaient fait l’élection, est ce que Nicolas Sarkozy aurait été élu Président ? Je n’en sais rien…

C’est pourquoi je serai tenté par un « à quoi bon ? » plein de soupir et de découragement. Si je croyais que blogguer pouvait changer le monde. Mais je n’y crois pas. Depuis le début. Et encore, au début, je n’ai pas lancé « le Mont du Faucon » pour changer le monde. Juste le regard d’une personne qui aujourd’hui encore n’éprouve que détestation et rejet à mon égard…
Alors des fois, je me moque de cette futilité. Quand je vois cette guerre entre certains bloggueu(se)rs (deux liens sur seul mot, champion du linking) sur le Vendredi de cette semaine, qui sera consacrée aux Madames, engagées ou pas, j’ai presque envie de sourire. Je trouve que cette dispute futile. Encore un débat blogospho-blogosphérique. Qui ne fera pas avancer le monde : lit il Vendredi ?
Enfin, l’autre dispute entre certains Kiwis et certains LHC me l’est tout autant, futile. Encore que celle-ci me touche un peu plus, puisque j’apprécie les deux réseaux, et beaucoup de bloggueurs les composant. Et je trouve ça autant con que blessant. Enfin bon…
Pourtant, je sais que certain(e)s prennent ces disputes à cœur. Ca les touche. Ca les blesse. Et de fait, cela mérite moins de sourire comme je le fais, gentiment moqueur. Mais de se reposer la question en corolaire à ce billet : A quoi bon ? A quoi bon se foutre sur la gueule pour de pareilles... bêtises au final ?

Et encore, je ne parle pas du classement Wikio qui arrive dans quelques heures : est ce que je resterai dans le Top 100 des divers ? Est ce que je serai repris dans Vendredi ? Nos prix Goncourt et Femina bien à nous et que le plagiste cet été ne lira pas... Est-ce que je changerai le monde avec mes écrits, mes coups de gueule, mes soupirs ?

Je m’en moque, gentiment, de tout ça. Je ne me considère pas comme un journaliste, ni comme un vecteur d’opinion, encore moins comme un donneur de leçon. J’écris simplement ce que je pense, ce que je ressens plutôt. Et c’est tout. Et je crois qu’un blog, c’est d’abord ça, l’expression d’une vision personnelle, qui a autant de valeurs que la vision d’un autre. Pas plus, pas moins non plus.
Évidemment, je me moque de certains bloggueurs qui ont pris un melon incroyable. L'humilité, ça permet parfois de mieux faire passer certains messages que l'arrogance ou l'insulte vis à vis de celui qui ne pense pas forcément comme soit.
Les blogs dans lesquels je traîne me plaisent par leurs simplicités, et ce goût du contact et de l’échange qui fait la richesse de ce monde dans lequel on aime évoluer, le monde des blogs. Ces blogs là, je me plais à y intervenir dedans, même si je partage pas forcément l'idée du jour. Je me plais à les citer. Bref, à les fréquenter, une petite frange de la blogosphère. Toute petite...

Mais vaut on plus que notre plaisir personnel ? Aujourd’hui, j’ai envie de dire que non. Mais parce que j’ai un peu de vague à l’âme. Fatigue sans doute. Demain, je changerai peut être d’avis. Mais aujourd’hui, non.

C’est pour ça aussi que j’ai envie de dire à mes copains copines qui veulent arrêter de blogguer (Internecivus, Claudio…) de ne pas oublier une chose. Principale. Je le répète souvent. Le plaisir. Je le met en gras ce terme de plaisir. Le plaisir, avant tout. De bloggueur, de discuter, d’échanger. De rencontrer aussi.
Changer le monde, ou être « influent » (plutôt avoir l’impression de l’être), ça doit venir après. Sinon oui, y a peut être de quoi être déprimé. Sur pleins de choses.

Je ne cache pas que le plaisir, il va et il vient. Aujourd’hui, j’écris sur une musique un peu triste que je mets en avant : Ao no ether, un des génériques de fin de Macross Frontier. Pendant un épisode assez terrible… Je trouve que cette chanson, pas forcément joyeuse, chantée par la délicieuse Megumi Nakajima (qui joue Ranka Lee dans Macross Frontier), va de pair avec mon moral actuel. Pas brillant, c’est vrai… Le temps sans doute. La fatigue aussi.

Billet assez sombre, je le confesse. Sans doute un peu ridicule. Demain, sans doute en me réveillant, l’envie de « refaire le monde » reviendra. Envie, ou impression, je ne sais pas…
Mais il doit rester le plaisir. Le plaisir de blogguer. S’il n’y a plus de plaisir, ou si blogguer doit devenir une contrainte, un fardeau, autant faire autre chose… Et si le plaisir n’y est plus, le sentiment d’apporter une pierre à un édifice gigantesque n’y fera rien de plus.

On verra plus clair demain. Là, j'ai envie de faire pleins d'autres choses... (allez, je pars cinq jours à Merlette ce weekend, ça me fera du bien, soupir...)


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