Les 12 maisons de l'Elysée : Ségolène Royal

9eme maison, Sagittaire. Dans les Chevaliers du Zodiaque, il s’agit du signe Royal… La clef de voûte de cette série, le chevalier Aiolos du Sagittaire, celui grâce à qui tout a commencé, patati patata. Donc pour parler du signe Royal, logiquement on parlera de Ségolène Royal…

Je marche sur des œufs. Je croyais que ce serait difficile de parler de Le Pen. Et là, quand je commence mes premières phrases sur Royal, je me dis qu'en fait, c'est ridiculement facile. Pourquoi ? Manque de courage de ma part sans doute, pas évident de s'attaquer à une prétendante en puissance. Et puis aussi j’ai envie de faire attention, de ne pas être injustement méchant avec la candidate du Parti Socialiste.
Egalement parce que je respecte profondément mes nombreux amis socialistes qui ont fait le choix de Royal. Soit par conviction, soit par défaut. Ce n’est pas le mien, mais je les respecte. Et je me refuse, par des mots maladroits de ma part, d’insulter leur choix. Cela nécessite donc de ma part de trouver des mots justes.
Pparce que je ne veux pas d’un nouveau 21 Avril qui nous priverait d’un réel débat gauche – droite. Enfin parce que la haine, je l’ai souvent dit ici, n’apporte rien de bon. Parce ce que un 21 Avril est passé par là, et parce que je ne veux pas rajouter de l’huile sur le feu de ces fanatiques d’un camps comme de l’autre qui insultent, saillissent, injurient.
Enfin car si je n’apprécie pas des masses Ségolène Royal, j’ai énormément de respect pour certaines personnalités socialistes qui « l’entourent » (DSK, Fabius, Chevènement). Et qu’à la différence de beaucoup de "maisons" au début de ma ballade élyséenne, elle représente quelque chose d’infiniment plus respectable que l’opposition systématique gauchiste ou l’extrémisme droite et gauche.

Je ne peux néanmoins pas parler de Royal sans revenir sur cette ambiance délétère que je déplore dans cette campagne électorale. J’en ai déjà parlé à de nombreuses reprises sur mon blog, mais quand je vais chez Guy ou chez Claude par exemple, je suis effaré de voir la haine de beaucoup de sympathisants de gauche vis-à-vis de Sarkozy. Et je souhaite pour eux et pour leur parti que sur les marchés, dans leur travail de militant (s’ils en sont), ils soient un peu plus modérés et respectueux. Car sinon, l’effet sera désastreux, et il ne leur restera que cette haine dans les larmes le soir des résultats finaux.
Mais je ne peux pas parler de cette haine anti-Sarkozy sans parler de cette même haine anti-Royal. Pour les plus gentils, elle est incompétente. Pour d'autre, c'est Festival, on se lâche. Je garde en souvenir ce que m’avait dit Bertrand Delais avant Noël quand je lui disais ma surprise devant ces vagues d’animosité vis-à-vis de chacun des candidats. Il m’avait répondu qu’en 81’, (j’avais 4 ans) il y avait face à Mitterrand des mots plus rances que ceux employés contre Sarko ou Ségo…
Néanmoins, je n’aime pas cette campagne violente. Je crois que les personnalités de Sarkozy et Royal y sont pour beaucoup. Aucun des deux n’est rassembleurs, d’où peut être ces vagues de haine qui, par ricochets, tombent en pluie fine sur les militants, et d’où ces saillies verbales puantes sur les blogs et forums UMP ou sympathisants de gauche.
Sarkozy et Royal sont peut être dangereux pour le camp d'en face, soit... Mais sans doute pas pour la France.

Mettons au début les choses au point. Ce n’est pas une surprise, je ne suis pas de gauche. Par conséquent, dans ce premier tour qui est un choix, je ne pourrais pas voter pour la candidate du Parti Socialiste. C’est logique. J’ai déjà eu l’occasion de faire des appels du pied (et au vote) localement pour favoriser des candidats de gauche dans des seconds tours d’élection, je le confesse sans nulle honte. Mais nous sommes là dans un premier tour. Donc déjà, par « logique politique », mon choix de premier tour ne sera pas à gauche. Au premier tour, on choisit, ensuite on élimine.

J’avoue quelques réticences vis-à-vis de Ségolène Royal. Et en premier lieu, je l’ai dit plus haut, une difficulté à rassembler et à être rassembleuse. C’est le cas de la plupart des candidats d’ailleurs. Beaucoup de copains s’émeuvent des piques qui peuvent provenir de son propre camp. Mais je leur réponds que si elle avait su rassembler plutôt que d’avoir voulu faire une campagne hors et sans le parti, peut-être le PS, militants et personnalités, seraient plus unis et plus fidèle. On ne peut pas faire preuve d’un mépris béant vis-à-vis de personnalités comme Besson, Allègre (pour les plus virulents), ou encore Jospin, DSK et Fabius, et après allez se plaindre de leur manque de soutien.

Personnalité du personnage, c’est le deuxième point… Alors que ce week-end j’ai reçu le Marianne hebdomadaire avec un portrait au vitriol de Nicolas Sarkozy (Marianne a choisi son camp, mais là ça tourne à une obsession qui ne me fera pas me réabonner, je n’aime pas les charges et positions qui deviennent partisanes de la part d’un journal…), j’attends le même exercice sur le caractère supposé ou réel de sa principale challenger. Car sur les quelques lectures et informations que j’ai pu lire, et sur les sentiments personnels (donc subjectifs) que j’ai pu avoir, il ne m’a pas semblé que Royal fut plus « tolérantee » et « ouverte » que son concurrent de droite. Et je n'ai pas vu moins de "despotisme".
Un livre d’Evelyne Pathoux (édité chez Michalon, par forcément une boite trés pro-Royal, c'est vrai...), ancienne attachée parlementaire, nous voit lire ceci « Celle que j’idéalisais m’est alors apparue pour ce qu’elle est : une femme ambitieuse, calculatrice et autoritaire, prête à tout pour atteindre la plus haute charge de l’Etat ». Cela ne me choque pas de lire ça. Mais cela me choque que l’on soit choqué quand il s’agit d’autres candidats. Plus loin, on peut lire qu’une plainte pour harcèlement moral et gestion partisane de son personnel régional, a été déposée contre Mme Royal. Certains « virent » des journalistes et choisissent leurs gens, d’autres font cela de manière peut être plus locale, mais, à mon sens, tout aussi détestable.
Je ne critique pas le fait que Royal soit ambitieuse, méprisante (vis-à-vis de la petite Solenne, du petit Besson, de la petite Panafieu, de ses opposants), cassante. Qu’elle se donne, à l’instar d’un José Bové ou d’un Nicolas Sarkozy, un style radicalement différent de sa réelle personnalité, c’est logique. Jeu médiatique. Mais disons le… Et quelque part, cette falsification de sa réelle personnalité est à rapprocher du tristement célèbre « je n’aime pas les riches » de François Hollande, qui est prononcé avant de faire sa déclaration d’ISF. Ne pas se donner un rôle et être un peu « soi-même », je ne suis pas sur que je trouverai cela détestable.

Dernier point sur sa personnalité (c’est important la personnalité, et quand j’écrirai sur Sarkozy je serai aussi tendre..), c’est ce coté victimisation permanente, qui m’a fait lire de la part de certains fanatique Ségoliste que j’avais « la haine du macho » parce que j’exprimais des réserves. Je crains que le débat d’entre-deux tours soit réellement d’un niveau « cour de récré » si cette technique de contre-attaquer par le « c’est que je suis une femme ! » continue a être de mise. Que Lang ou Boutih joue à ce genre de contre argument, soit. De la part de la peut être future président de mon pays, j’attends autre chose.
Après, le coté « donneur de leçon » bien à la française, bon… Oui, elle l’a, cela m’insupporte. Mais je n’ai pas l’impression que Sarkozy ou Bayrou soient moins donneurs de leçons qu’elle. Peut être font ils moins « prof de français de 6eme », mais bon… Match nul sur le manque d’humilité.

Deux mots sur le programme et sa vision politique. Je ne reviens pas sur le CPE de Royal, ni sur les « bourdes ». Royal pense que les talibans sont toujours au pouvoir en Afghanistan et le clame en conférence de presse ? Bah, ça promet… Mais Sarkozy aussi accumule certaines perles comme quand il parle des terroristes ethniques. Ségolène Royal propose une explosion des dépenses publiques par des aides à tout va, un moratoire sur les centrales Nucléaires, un programme fiscal nébuleux car « ça sera du ressort de mon Ministre, pas de moi »… Et sur pas mal d’autres points, des zones d’ombre. Des reniements. Cela me fait l’effet d’un bordel amateur et généralisé.
Un peu comme sa campagne. On parle de service civique obligatoire, et puis on oublie. On nomme Montebourg porte-parole avant de le sanctionner un mois… et puis avant le mois fini, on le rappelle au secours. On rappelle les éléphants, pour ne surtout jamais les sortir. On réorganise toujours la campagne. On entend parler de « relance permanente » de la campagne… Et on n’a pas l’impression d’assister à une campagne présidentielle menée par un grand parti (totalement absent), mais plutôt à une campagne pour la présidence des parents d’élèves de son quartier, tout à l’improvisation. Ou alors à une campagne à la présidence d'un bureau des élèves d’une école, menée d’une manière sympa, amateur, « comme à la rigolade », sur le ton "on est une bande de jeune, on se fend la gueule".

Autant Lionel Jospin était critiquable sur pleins de points, en tant que Premier Ministre et candidat. Autant il y avait une cohérence dans son action et une ligne directrice qui faisait qu’on savait, à peu prêt, où on allait. Là, la campagne de Royal me fait penser à la gouvernance Raffarin (et présidence Chirac) : gestion au jour le jour. Improvisation totale. Aucune ligne directrice. Personnellement, que je sois d’accord ou pas, j’aimerais une ligne, une cohérence, savoir où on va. Là, je ne sais pas. Je ne sais pas…

Je me suis demandé si cette incompétence supposée était ou non mise en scène. Si elle le faisait vraiment exprès de faire ses vœux avec le caméscope du neveu. Elle a gagné la primaire socialiste sur une crise de défiance des compétences. Mais là, ça me parait trop gros.

Et j’en viens sur mon immense colère vis-à-vis du PS. La branlée de 2002 nécessitait plus qu’une remise en cause. Le grand parti de la gauche, à l’époque au pouvoir, balayé. Radicalement balayé. Avec la mise en orbite, au deuxième tour, de l’extrême droite. 5 ans pour se reconstruire, pour donner une alternative crédible et efficace.
Qu’a-t-on eu ? Un simulacre de référendum interne sur l’Europe, et un Hollande qui se réjouit d’une « immense victoire du oui ». 59% en interne, cela donnait tout de même 41% qui avait voté « non », donc déjà un PS divisé. Mais non, Hollande n’a rien voulu voir. Ensuite patatras le 29 Mai. Pour renaître sur une synthèse Mancelle qui fleurait bon la politique politichienne chère au Général.
Ensuite, pendant 5 ans, qu’avons-nous eu, sinon la valse des égos. Pendant que le gouvernement Raffarin supprimait le lundi de Pentecôte, privatisait les autoroutes, et ouvrait le secteur clé de l’énergie au privée, où était l’opposition. A l’Ile de Ré où elle rêvait de revenir ? Dans les allées de Solférino où ça sentait bon la franche camaraderie ? J’ai eu l’impression que l’opposition de Bayrou était plus audible et concrète que celle du PS…

Finalement, de cette bataille des chefs, il en est ressorti la femme du premier qui aurait bien voulu y aller mais qui n’a pas pu. Pas la moins pire, malheureusement. Quand on a un Fabius ou un Strauss-Kahn (avec qui j’ai de nombreux désaccords mais qui sont des hommes d’état cohérents et respectables), et que l’on sort, par le biais de cotisation Internet à 20 euros, et sur la foi des sondages - ou « parce que c’est une femme… » -, une personne avec la tolérance et l’humanité d’un pingouin, et avec la cohérence d’un Franck Ribery qui veut tous les ans quitter Marseille, j’ai envie de dire « zut » (ou merde).

5 ans pour ça… Non, j’ai du mal, et je comprends beaucoup de mes amis socialistes qui se sentent un peu floués.

Je ne parlerai pas, pour finir, de l’opposition générale que j’ai avec elle sur les dessins animés japonais. J’adore les mangas, les animés, et Royal a fait une charge obsessionnelle et obscurantiste contre le Club Dorothée et les animations japonaises. Futiles et anecdotiques. Mais voilà, je voulais le dire. Ca compte sans être décisif, en tous cas pour moi.

En conclusion, je me demande à 6 jours du dimanche soir si le « théorème Birenbaum » (non, le second tour ne sera pas Sarko – Royal) se réalisera bien. Si les deux se trouvent au deuxième tour, ça sera une nouvelle baffe, mais voulue cette fois. Partir du 21 Avril pour arriver à « ça », à la consécration du populisme et du peopolisme de gauche et de droite, ça me fait un peu peine, mais soit.

Je voulais quand même, sans ironie aucune, rendre hommage à mes copains socialistes, nombreux, et d’une modération qui leur fait honneur. Leur rendre hommage car, pour la plupart, ceux sont des gens qui sont franchement écoeuré de la manière dont leur parti a géré 5 ans d’opposition, suite à une humiliation cuisante. Certains seront « bons soldats » et voteront Royal. Je les respecte et les admire, car je ne ferai peut-être pas pareil qu’eux au premier tour vis-à-vis du candidat « légitime » de mon camp. D’autres resteront fidèles à leurs idées, refuseront de se prêter à cette mascarade de voter Royal, mais ne se joindront pas aux loups menés par des Bessons ou des Allègres. Comportement tout aussi honorable qui mérite respect. D’autres enfin taperont sur la candidate choisie par leur parti, appelleront à voter pour d’autre de gauche, pour Bayrou. Voire Sarkozy. Soit… Déjà j’adhère peut être un peu moins, et si je respecte des Begag et des Besson, j’avoue que j’aurais pas détesté un peu de modération de leur part, qui n’auraient pas rajouté à cette haine ambiante qui pollue un peu cette campagne.

Ce n’était pas facile d’écrire sur Royal… Peut être je recevrai, de la part des fanatiques Royalistes ceux qui me retrouveront via des moteurs de recherche, des insultes… Je ne pense pas les mériter car je ne pense pas avoir été injuste avec elle, malhonnête avec ce que je pense vraiment.

Sans préjuger de ce qui se passera entre les deux tours, je le confesse…

Non, je ne voterai pas Ségolène Royal le 22 Avril.

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