D’abord Brice Hortefeux… Je vais faire une confession, cela aurait été Frédéric Lefebvre qui aurait lancé ce pavé, j’aurais foncé dans le tas de la critique. Un billet dans l’heure de la déclaration. Avec condamnation de cette manière de faire de la politique en allumant tous les incendies possibles et imaginables, avec ce ton dans la voix qui méprise celui qui émet des réserves. Cette manière de ne concevoir la politique que par le clivage, l’affrontement, et la provocation.
Je l’admets. Cela aurait été Frédéric Lefebvre, j’aurais foncé dans le tas comme la dernière fois. Délit de sale gueule ? Plutôt inimitié que j’assume, sans pour autant en être fier.
Mais voilà, c’est Brice Hortefeux. Et moi, je n’ai rien contre Brice Hortefeux. Pour certains, il est l’alpha et l’oméga du mal en politique, du sarkozysme. Il a baigné dans ce ministère indigne et sale, donc il devrait être banni. Je trouve pour ma part, sincèrement, qu’il a une image profondément injuste et injustifiée. Oui, c’est un homme de droite, mais je le trouve honorable et républicain. Oui, il a trempé dans un ministère que certains trouvent honteux : je le trouve pour ma part inapproprié. Mais bon, sans avoir une quelconque affection pour lui, je n’ai pas cette antipathie que j’ai pour Jack Lang ou pour le porte parole de l’UMP.
Et je trouve en plus que la parole d’Hortefeux est assez modérée. Donc ce pavé lancé sur la retraite à 67 ans, je suis assez contre l’idée bien sur, mais je n’ai pas envie de tomber à bras raccourci sur lui.
Ensuite, la retraite. J’ai l’impression que cela fait des années que l’on pond des plans pour « sauver les retraites ». 2003 et François Fillon, qui auront mis Marseille dans la rue. Je parle de Marseille, j’étais à Marseille (aujourd’hui, c’est d’autres qui risquent de mettre Marseille dans la rue…). Et puis combien d’autres réformes derrière ? Pour apprendre aujourd’hui « qu’il faut faire des choses désagréables pour sauver les retraites ». Des choses désagréables, comme il y a deux ans, comme il y a quatre ans, comme toujours.
Comme la sécurité sociale d’ailleurs. Combien de plans pour la sauver ?
Sur l’augmentation des durées de cotisation… Sur le fond, j’y serai plus favorable qu’une augmentation des cotisations (les travailleurs en prennent déjà suffisamment sur le pif) ou qu’une baisse des traitements de retraite. Mais là, un septennat de plus à travailler, c’est tellement gros et énorme que ça ne peut susciter que réprobation. Pas crédible. A moins qu’ils annoncent 7 ans de plus pour que ça se finisse à 3 ans de cotisation supplémentaires ? On sort un chiffre exorbitant pour permettre des marges de négociation, et puis on se retrouve tous joyeux sur une durée moyenne et décente ?
Quoiqu’il en soit, travailler plus, mouais… Ca m’emmerde, mais je tiens à mon système de retraite, donc… Par contre, je trouverai injuste que seuls les travailleurs fassent l’effort. Qu’ils y contribuent oui. Mais qu’il y ait une gestion plus saine des deniers publics (donc on évite de balancer 250 k€ dans une chouille stalinienne à Versaille !). Et que les entreprises, ou plutôt l’actionnariat qui jouit du travail de tout un chacun, y contribuent également. Et j’en entends qui secouent le marronnier du bouclier fiscal… Ben oui, pas uniquement doit faire l’effort. Ca parait logique.
Mais sur cette histoire, ce qui m’a choqué est moins les 67 ans de retraite en plus que la mise en cause des droits accordés aux mères de famille. Après le scud lancé sur la remise en cause du congé maternité, c’est un nouveau coup porté à la famille. Et je trouve ça inquiétant. Ça vient avec cette idée évoquée plus haut par le triste Lefebvre de permettre aux jeunes mamans de bosser quand même en étant en arrêt maladie, et ça me dérange. Parce qu’élever un enfant est une mission noble, et importante pour la société.
Donc ça, plus ça, plus ça, plus Rachida Dati qui bosse le sur lendemain de son accouchement, plus pleins de choses contre cette idée d’une société qui sacralise la naissance, ça me dérange beaucoup.
Donc travailler plus, si ça peut vraiment sauver les retraites et éviter d’avoir deux ans plus tard un ministre qui pond le « plan de la mort pour sauver les retraites », bien je ne suis pas opposé. Mais que ça ne soit pas uniquement les salariés qui fassent l’effort. Mais par contre remettre en cause tous les mois les droits familiaux, non.
Le reste est à la discussion. En tous cas, on a un gouvernement formidable : tous les jours un sujet de débat. Pétard, on s’est fait chier avant 2007, comment faisions nous avant ?
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