Signatures présidentielles, souvenirs de 2002, et aprés ?

Une rapide lecture sur le site web du Figaro après le repas (vers 13 heures, heure du café) a fixé dans ma rétines le titre cinglant : « Le Pen a ses 500 signatures ». Il les apportera même lui-même ce soir au Conseil Constitutionnel. Entre temps, Guillaume LePeltier, le directeur de campagne du sémillant Philippe de Villiers, était invité sur RMC aux alentours de midi. Et au milieu de tous ça, la compétition est en train de se dessiner.

Nous sommes un peu comme un mois de Septembre, 9 mois avant une coupe du monde de football. Le plateau est en train de se former. Sur 32 équipes une vingtaine ont déjà leurs billets. Et il reste quelques cas en suspend. En Europe, l’Italie est en ballottage, et l’Angleterre aussi. Et dans le même groupe, qui de la République Tcheque, de l’Allemagne ou de la Suisse restera à la maison ? Quelques exemples pour montrer une situation un peu similaire, où on sait que des « grands », ou plutôt que des courants de pensée légitimes, risquent de rester à la maison.

Je ne reparlerai pas ici du phénomène des signatures. Tout le monde a suffisamment mis le doigt sur les insuffisances du système. Peut-être sinon ajouter un témoignage personnel, sur un Maire dont je suis humainement très proche. Un ami à moi, plus qu’un ami. J’emploierai pas le mot de « père » pour moi, mais en tous cas un homme que j’aime beaucoup, que je respecte éminemment.
On discute courant du mois de Mars 2002. Il me dit que pour sa première présidentielle en tant que Maire (deuxième mandat), il aimerait donner sa signature. Un devoir pour lui. A l’époque, je suis plutot proche de Charles Pasqua, je sais qu’il ne partira pas, entre autre pour éviter un Le Pen – Chirac entre autre (et aussi pour des raisons personnelles que je déplore, mais ce n’est pas mon problème). Et il me dit « si je la donne à un candidat légitime mais sans signature ? Madelin, Le Pen… ? ». Et moi de lui répondre « attention, les noms seront donnés… Si vous donnez à Le Pen, gros risque de mistral... ». Mais, j’ajoute, gros risque aussi que Le Pen ne les ait pas. Ce qui aurait été anormal, lorsque dans les extremes en face, il se préparait 3 candidatrices extremes gauche.
Au final, mon ami le Maire donne sa signature à Le Pen. Je ne suis pas ravi, mais c'est son choix, donc je le respecte.

Je suis chez mes parents en cette fin Mai. Vacances, RTT, je sais plus. Et sur le site du Journal Officiel, je regarde les noms des signatures. Et paf, je vois mon bon ami maire qui apparaît sur la liste des signataires de Le Pen. Je dis signataire et pas soutien : il votait Bayrou à l’époque (certaines des raisons similaires aux miennes : refus du grand et gros UMP). En ce moment en vacances, il n’a pas la une du Midi Libre le lendemain qui saigne. Et tout ce qu’il en suit…

Dur moment pour lui. Dans le canton, Le Pen est largement en tête. Bayrou, qu’il soutenait, fait un faible score. Mais le voilà soutenu par une population qui, droite comme gauche, accepte son choix « pour la démocratie », tel qu’il l’a justement dit. Modestement, je le soutiens publiquement et ouvertement. Mais les stigmates restent.
Entre temps, cette personne rencontre un souci de santé à mi-mandat qui le handicape. Et les « autorités locales » le snobent, le « black liste ». Pour ne pas dire plus. Y a peu de temps, à la communauté de commune dont il est maire adjoint, le préfet refuse que son nom apparaisse sur les cartons d’invitation pour l’inauguration d’un rond point. Et les maires d’à coté ne mouftent pas (le préfet a dit, on fait, on se tait). Et au final, ce maire ne signera pour personne cette année. Et il ne se représentera même pas. Et a franchement eu l’impression d’être un dindon d’une farce qui s’appelle élection présidentielle.

J’ai encore des souvenirs durs d’actes forts de personnes importantes du département. Oh, bien sur, les choses se sont calmées. Le député vient souvent le visiter. Et tout le village, tout le canton, une grande partie du département, sait qu’il n’est pas Lepéniste. Sauf que la règle du jeu, celle de « signer » pour permettre à une sensibilité de se présenter, n’avait pas montré les aspects humainement détestables. Et politiquement incohérent.

J’ajouterai quand même qu’il a toujours assumé sa signature. Personne ne lui a volé ou tenu le stylo pendant son sommeil. D’ailleurs, nous avions évoqué ce risque. Quelque part je ne l’ai pas dissuadé : je suis peut être coupable. Mais de quoi ? En tous cas je ne plains pas ce Maire. Il assume son geste et ces conséquences. Mais je déplore les appels de Sarkozy qui demande à ce que la démocratie soit respectée et que les Maires assument leurs rôles, qui sont en totale incohérence avec leurs conséquences incontrôlées et disproportionnées.
Et surtout que les pouvoirs publics d’état s’accordent ensuite le droit de « punir » le signataire qui n’a pas signé pour un « bon » candidat. D’où ensuite le fait que ce système soit à bout de souffle, on le voit bien.

Je finis mon mot en disant que je dirais plus tard pour qui je ne voterai pas. Après que la liste soit effectivement donnée. Je n’ai pas fait mon choix. Disons que mon cœur m’emmènerait vers un candidat, mais que je souhaiterais que ce dernier n’ait, au final, pas ses signatures. Mon « devoir » politique devrait me porter sur un autre. Mais je n’ai pas envie, parce que j’ai envie d’être en cohérence avec ma démarche politique personnelle depuis 2002. Et par rapport à cette démarche, le troisième me plait plus. Mais des points d’ombre certains. A moins que je ne vote pour un « - de 5% sondage ».

En fait, je suis en ce moment un des 50 % d’indécis. La fin de semaine me permettra de voir plus clair sans doute.

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire